Dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des la ressources en eau, la gestion des nappes profondes du sud du Bassin aquitain s’impose comme un enjeu stratégique. Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) des eaux souterraines de Gascogne, porté par l’Institution Adour vise à encadrer leur usage, garantir leur qualité et anticiper les besoins futurs.
Un SAGE pour préserver une ressource unique
Le SAGE est un outil de planification qui permet d’équilibrer les usages de l’eau et de préserver le milieu naturel. « Contrairement aux nappes superficielles, qui se rechargent au fil des saisons, les nappes profondes fonctionnent sur des échelles de temps bien plus longues » explique Pierre Carlevaris, animateur SAGE eaux souterraines de Gascogne à Institution Adour, « l’eau qui y est stockée date de 10 000 à 30 000 ans et circule à une vitesse extrêmement lente, quelques kilomètres par siècle seulement. »
Ces nappes captives, situées sous des couches imperméables, offrent une qualité d’eau exceptionnelle, presque exempte de pollution. Cependant, leur exploitation excessive peut mener à un phénomène irréversible : le
dénoyage.
« Si la pression chute trop dans le forage, l’air peut pénétrer et rendre l’aquifère inutilisable à l’échelle humaine », prévient-il.
Des acteurs mobilisés pour un équilibre durable
Le SYDEC, en tant que principal producteur d’eau potable du territoire, est un acteur majeur dans la gouvernance du SAGE. Dès 2018, une étude du BRGM* révélait une baisse continue des niveaux des nappes depuis plus de 30 ans.
Face à cette situation, une concertation s’est engagée avec les 10 grands acteurs de l’eau potable, dont le SYDEC,
pour formaliser une stratégie de gestion à long terme.
« Nos choix d’aujourd’hui déterminent la ressource en eau des siècles à venir. »
« L’enjeu est d’éviter que les nappes profondes ne deviennent une solution de facilité en cas de sécheresse, au détriment d’une gestion raisonnée en surface. Un cadre de gestion concerté sera mis en place pour encadrer les prélèvements et éviter
toute surexploitation » souligne Pierre Carlevaris.
Une ressource sous surveillance
L’histoire géologique des Landes explique la richesse de ces nappes profondes. Au fil des millions d’années, d’épais dépôts sédimentaires ont formé un véritable millefeuille aquifère de roches, alternant couches perméables (= aquifères) et imperméables. Si
l’eau peut encore s’infiltrer en certains points de surface, son cheminement souterrain est extrêmement lent.
« On observe aujourd’hui des effets hydrologiques de recharges des nappes liés au à l’infiltration d’eau datant du petit âge glaciaire, du au XVe siècle ! C’est dire l’inertie de ces systèmes », illustre Pierre Carlevaris.
Un calendrier structuré pour une gestion pérenne
Après plusieurs années d’études et de concertation, le SAGE a désormais émergé. La Commission Locale de l’Eau (CLE) qui pilote l’élaboration du SAGE rassemble élus, usagers et services de l’État et joue un rôle clé dans la gouvernance du SAGE. Elle valide les orientations stratégiques et veille à un équilibre entre exploitation et préservation de la ressource en eau.